Homme = Machine?
Carnet projet Homme >< Machine


Nous constaterons dans un premier temps que dans cette citation d’Andy Warhol s’opposent deux termes :
- celui du « Je » ; le « moi », l’ « artiste », l’ « homme » ;
- celui de la machine.

De cette citation peuvent émaner plusieurs questions :

- Comment pouvons-nous tenter d’expliquer ce propos tenu par Warhol ?
Qu’a-t-il voulu dire par là ? Pourquoi ?

Désir de l’homme (ici, Warhol) d’être machine. Ce qui interroge ici, c’est la remise en question du statut de l’homme que nous avons habituellement tendance à qualifier par sa singularité et sa personnalité unique (« tout homme est unique et s’impose dans sa singularité »).

Le Larousse indique à machine :
1- Appareil, instrument permettant de réaliser de manière mécanique, automatique ou simplifiée les tâches et travaux de la vie courante : Machine à écrire. Mettre le linge dans la machine.
2- Familier. Organisme humain : Il est mort jeune, la machine était usée.
3- Personne dont l'action est automatique, et qui semble dénuée de sentiments, de qualités humaines : Je ne suis pas une machine !

- A votre avis, dans quel contexte et quels évènements ont poussé l’homme/l’artiste à repenser sa place d’artiste dans le monde comme étant celle d’une machine ?

Par cette citation, Warhol introduit la notion « d’homme/machine » ; nous allons tenter de situer et d’expliquer le contexte économique, politique qui a poussé les artistes du milieu 19ème, début 20ème, à revoir leur façon de penser, de créer et d’être, en remettant en question leur statut d’artiste, l’homme étant petit à petit remplacé par les machines à cette ère d’industrialisation.

En effet, c’est dans un contexte d’industrialisation grandissante et de développement de consommation de masse que vont se développer de nombreux courant artistiques dits « de modernité ».

Afin d’illustrer ce propos, nous allons plus particulièrement nous attarder sur le « Pop art », abréviation de « Popular art », qui est un mouvement artistique apparu en Grande-Bretagne au début des années 1950 et aux États-Unis au début des années 1960. Ce mouvement artistique est l'un des principaux du 20ème siècle à remettre en question le statut général de l'image, mais aussi la place dévolue à l'image artistique au sein d'une culture visuelle élargie. Le pop art eut des précurseurs parmi certains courants d'avant-garde européens, comme les Dada, ou chez certains artistes tels que Marcel Duchamp.
Ce qui caractérise ce courant est l’utilisation et le détournement d’objets liés à la société de consommation. Les thèmes du pop art sont tirés de la culture de masse. Cette imagerie peut être de l'ordre de la représentation (lorsqu'elle est intégrée par simple reproduction, mais avec des modifications de couleur, d'échelle ou de médium dans les tableaux et les sculptures) ou bien encore directement citée (quand des objets véritables sont incorporés aux œuvres), ou encore par l’utilisation de matériaux issus de l’industrie moderne.
Le pop art est d'abord apparu en réaction contre l'expressionnisme abstrait des années 1940 et 1950, considéré comme trop intellectuel, subjectif et coupé de la réalité. Par des images reflétant le matérialisme et le kitsch de la culture de masse, ils cherchèrent à transmettre une vision de la réalité plus immédiate.
Le pop art ne s'approprie pas seulement les thèmes de la culture de masse, mais également l'idée de la production par séries. Au début des années 1960, Andy Warhol développera et exploitera la technique de la sérigraphie, qui permet la démultiplication et la répétition. Par l’utilisation de cette technique, il se rapproche ainsi de la production en série de l'industrie culturelle. Il produira des centaines de bouteilles de Coca-Cola, des portraits de Marylin Monrœ, des boîtes de soupe Campbell ou encore des boîtes de tampons à récurer Brillo en trois dimensions.
Par cette citation, nous avons pu prendre conscience de l’impact qu’a pu avoir l’industrialisation dans le champ artistique. Le concept de machine se rattache non seulement à l’appareil/l’outil, mais également à l’homme.
Comprenons également par là que la notion de « machine » est complètement encrée dans les pratiques artistiques contemporaines par son idée d’automatisation. Ainsi, la machine peut devenir l’outil de l’artiste.


« Je veux être une machine »
Andy Warhol
Jean Tinguely est un artiste sculpteur suisse, né en 1925 à Friboug. Il épousera Niki de Saint Phalle en 1961.
Par sa pratique, Jean Tinguely remet en question l’académisme de l’art. C’est dans un contexte où le culte du progrès est très présent qu’il crée ses machines. Construites en partie à l’aide d’objets de récupération, les machines de Tinguely, consciemment imparfaites, refusent le culte de l’objet neuf produit par une société de consommation. Dans cette société où la machine est de plus en plus présente, il attaque ironiquement cette ère technique et de « non sens » en créant des machines à faire des dessins.
Par ces machines, il crée un lien entre la machine et l’homme. Il interroge le statut de l’art dont la réalisation devient tributaire d’un mécanisme. L’artiste perdrait-il son pouvoir ? L’oeuvre perdrait-elle son statut d’oeuvre d’art ?
Jean Tinguely
Jackson Pollock est un artiste peintre américain, né en 1912 et mort en 1956 à NY.
Il développera la technique du dripping, consistant à tremper un ustensile dans la peinture et à le laisser goutter ensuite sur la toile. Pollock développe cette technique en se créant un « outil » en perçant un trou au fond du pot de peinture afin qu’il s’en écoule un mince filet de couleur qui prend alors toutes les sinuosités des mouvements pendulaires que lui donne le balancement du bras.

Anecdote : Le terme « Dripping » provient de la gastronomie. Le dripping, c’est la graisse de rôti, mais aussi l’égouttage, le dégoulinage.
Jackson Pollock
Rebecca Horn, née le 24 mars 19441, est une artiste allemande utilisant l’installation, la performance, le film, la poésie, le dessin ou la photographie.
Les outils de Rébecca Horn sont des sculptures d’assemblage. Ces sculptures se fixent directement au corps de l’artiste et permettent ainsi une nouvelle façon de dessiner : l’artiste dessine à l’aide de son corps, par l’intermédiaire d’un outil créé (acte performatif).
Il est important de préciser que l’artiste a été gravement malade, et durant cette période où elle était très faible elle a cherché divers moyens lui permettant de s’exprimer avec son corps.

Ici, c’est l’objet, le geste et la performance qui priment sur le résultat final du dessin.

Rebecca Horn
Brice Marden est un artiste peintre américain né en 1938 à New York. Nous pouvons voir sur la photo qui suit Brice Marden dans son atelier en train de peindre avec un bâton.

Cet outil, le bâton, devient alors le prolongement de son bras, qu’il doit apprivoiser et expérimenter pour dessiner, peindre. Par l’utilisation de cet outil, Brice Marden se réapproprie un objet de la vie de tous les jours, tentant de lui donner une utilisation nouvelle et inattendue.
Brice Marden
Stelarc est un artiste australien né en 1946. Il est connu pour ses performances d’Art corporel dans lesquelles il mêle le corps biologique à des composants électroniques ou robotiques. Il crée des dispositifs d’homme/machine dans ses performances.

Il dit sur son travail : « J’essaie d’étendre les capacités du corps en utilisant la technologie. J’utilise par exemple des techniques médicales, des systèmes sonores, une main robotique, un bras artificiel. Dans mes performances, il y a quatre sortes de mouvements : le mouvement improvisé du corps, le mouvement de la main robotisée qui est contrôlé par les signaux des muscles de mon estomac et de mes jambes. Le mouvement programmé du bras artificiel, le mouvement de mon bras gauche secoué, indépendamment de ma volonté, par un courant électrique. C’est, en fait, l’imbrication de ces mouvements volontaires, involontaires et programmés, qui me paraît intéressante».
Stelarc

Olivier Debré est un artiste peintre français né en1920 à Paris où il est mort le 1er juin 1999.
Il a peint d’énormes peintures abstraites en faisant glisser une sorte de grand pinceau-balais sur la toile posée au sol. Il peignant toujours dehors, quel que soit le temps.
Olivier Debré